Un grand peintre, à découvrir avec bonheur
Infos & réservation
Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
12-14 quai de New York
75116
Paris
01 53 67 40 00
Jusqu'au 6 janvier: du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
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Thème
Cette exposition regroupe les peintures et encres de grand format de Zao Wou-Ki (1920-2013), des années 50, période cruciale dans sa recherche stylistique, jusqu'au début du XXIe siècle. L'artiste chinois s'installe à Paris en 1948, alors en plein débat esthétique de l'art moderne après l'impressionnisme, le cubisme et l'art abstrait. Quatre grandes salles pour accueillir ces peintures aux dimensions inhabituelles, caractérisées par de larges surfaces de couleurs vives et puissantes. Sur chacune ce motif de turbulences, formant comme un chaos d'une infinité de minuscules coups de pinceaux, ou de rayures de couteau, comme cherchant dans l'immensité de l'univers l'essence de la vie et du monde.
- Zao wou ki l espace est silence 14 novembre 2015
- Zao wou ki l espace est silence 14 novembre 18
- Zao wou ki l espace est silence 14 novembre 17h avec
Zao Wou Ki L Espace Est Silence 14 Novembre 2015
Cet Hommage à Henri Matisse I 02. 86 (1986) reprend la composition structurelle de Porte-fenêtre à Collioure peint par Matisse en 1914
Encore quelques grandes toiles:
14. 11. 76 (1976) 15. 77 (1977) 01. 81 (1981) 01. 82 (1982) 05. 03. 75-07. 85 (1975-1985) 11. 96 (1996)
Un beau triptyque de 1980, 24. 80 - Triptyque
Le Vent pousse la mer, triptyque de 2004
Un quadriptyque magistral, Décembre 89-Février 90 (1989-1990)
L'exposition se termine sur des encres sur papier, technique longtemps tenue à l'écart par Zao Wou-ki qui la jugeait trop "chinoise", mais à laquelle il revient vers la fin de sa carrière. Celles présentées datent pour la plupart de 2005-2006. Un de ses derniers triptyques, le Temple des Han (2005), semble un retour aux sources étonnant pour un artiste qui n'a jamais voulu se laisser enfermer dans des particularismes culturels. Published by japprendslechinois
Zao Wou Ki L Espace Est Silence 14 Novembre 18
Celles – magnifiques –, réalisées à plat et exposées ici, datent des années 2000. Ascétisme de la palette, assourdissement des noirs, neutralité du support. Pour paraphraser Michaux, à qui l'on doit le sous-titre de l'exposition, le silence des vides de l'espace est ici criant. Ces encres sont un miracle d'équilibre, de légèreté, d'air, de musique et de poésie. Plus qu'un retour aux origines culturelles du peintre auquel on aurait tort de vouloir les réduire, elles sont probablement la meilleure formulation de l'épure vers laquelle Zao Wou-Ki n'aura cessé de tendre durant toute sa carrière. Zao Wou-Ki, Sans titre, 2006. Encre de Chine sur papier. 97 x 180 cm Collection particulière. Photo: Naomi Wengner Zao Wou-Ki © ADAGP, Paris, 2018
Paul Klee, et le passage à l'abstraction
C'est au cours de cette même année 1951, après un séjour en Suisse, que Zao Wou-Ki fait sa « rencontre » avec Paul Klee (1879-1940), qui l'amène progressivement à abandonner toute figuration. Trouvant dans l'abstraction le moyen de libérer son art, le jeune peintre (il n'a alors que 31 ans) laisse apparaître au cours de la décennie une nouvelle forme d'expression picturale que la critique, par besoin rassurant de catégoriser, désigne bientôt de la formule « abstraction lyrique ».
Zao Wou Ki L Espace Est Silence 14 Novembre 17H Avec
Et d'abord, comment faut-il considérer l'abstraction chez Zao? Le mot d'abstraction n'est-il pas un peu trompeur? Cette abstraction est-elle donc si abstraite que cela? Francois Cheng: « l'abstraction, chez Zao Wou-Ki, ne signifie point « refus de la réalité concrète «, ni « pure recherche de la forme »; elle ne vise pas non plus à la simple liberation d'une gestuelle picturale plus ou moins arbitraire. »
Zao lui même explique: « A partir de ces années je me suis laissé submerger par ma liberté, devenue mon seul guide […]. Les grandes surfaces me demandaient de me battre avec l'espace; je devais impérativement remplir cette surface, la faire vivre et me donner à elle… » Et encore:
« J'aime que l'on se promène dans mes toiles comme je m'y promène moi-même en les faisant. »
En quelques essais synthétiques, le catalogue propose un prolongement à l'exposition, éclairant notamment les rapports de Zao avec Michaux, Varèse, la peinture de grand format, l'avant-garde américaine. J'ai pioché dans cette dernière étude quelques rapprochements intéressants.
Aux Etats-Unis il découvre l'expressionnisme abstrait et entame une création picturale qui, le sujet ne lui suffisant plus, marque l'abandon progressif de la figuration. Quelques toiles nommées sont liées à des évènements personnels, comme le décès de son épouse avec "En mémoire de May" peint en 1972 ou à des émotions artistiques avec les hommages dédiées à des poètes, dont Henri Michaux qui l'aida à entrer dans le marché de l'art et avec lequel il se lia d'amitié, des musiciens tel le compositeur Edgar Varèse. Et, bien évidemment des peintres avec le superbe triptyque "Hommage à Claude Monet" ou la variation sur sa "Porte-fenêtre à Collioure" pour Matisse. Mais la plupart constituent des odes à la nature et à son immanence peintes non sur le motif mais dans son atelier clos dépourvu de fenêtre. Car transcription picturale de paysages intérieurs et souvent non titrée pour laisser le champ libre au regard, car pour lui "L'essentiel c'est de regarder une peinture: ça te touche ou ça ne te touche pas".