Textes philosophiques Platon
l'anneau de Gygs
Les hommes prtendent que, par nature, il est bon de commettre
l'injustice et mauvais de la souffrir, mais qu'il y a plus de mal la
souffrir que de bien la commettre. Aussi, lorsque mutuellement ils la
commettent et la subissent, et qu'ils gotent des deux tats, ceux qui ne
peuvent point viter l'un ni choisir l'autre estiment utile de s'entendre
pour ne plus commettre ni subir l'injustice. De l prirent naissance les
lois et les conventions, et l'on appela ce que prescrivait la loi lgitime
et juste. Voil l'origine et l'essence de la justice: elle tient le milieu
entre le plus grand bien commettre impunment l'injustice et le plus
grand mal la subir quand on est incapable de se venger. Entre ces deux
extrmes, la justice est aime non comme un bien en soi, mais parce que
l'impuissance de commettre l'injustice lui donne du prix. En effet, celui
qui peut pratiquer cette dernire ne s'entendra jamais avec personne pour
s'abstenir de la commettre ou de la subir, car il serait fou.
- L anneau de gygès texte les
- L anneau de gygès texte de la
- L anneau de gygès texte original
L Anneau De Gygès Texte Les
Plein d'étonnement, il y descendit, et,
entre autres merveilles que la fable énumère, il vit un cheval d'airain creux,
percé de petites portes; s'étant penché vers l'intérieur, il y aperçut un
cadavre de taille plus grande, semblait-il, que celle d'un homme, et qui avait
à la main un anneau d'or, dont il s'empara; puis il partit sans prendre autre
chose. Or, à l'assemblée habituelle des bergers qui se tenait chaque mois pour
informer le roi de l'état de ses troupeaux, il se rendit portant au doigt cet
anneau. Ayant pris place au milieu des autres, il tourna par hasard le chaton
de la bague vers l'intérieur de sa main; aussitôt il devint invisible à ses
voisins qui parlèrent de lui comme s'il était parti. Etonné, il mania de
nouveau la bague en tâtonnant, tourna le chaton en dehors et, ce faisant,
redevint visible. S'étant rendu compte de cela, il répéta l'expérience pour
voir si l'anneau avait bien ce pouvoir; le même prodige se reproduisit: en
tournant le chaton en dedans il devenait invisible, en dehors visible.
Plein d'étonnement, il y descendit, et, entre autres merveilles que la fable énumère, il vit un cheval d'airain creux, percé de petites portes; s'étant penché vers l'intérieur, il y aperçut un cadavre de taille plus grande, semblait-il, que celle d'un homme, et qui avait à la main un anneau d'or, dont il s'empara; puis il partit sans prendre autre chose. Or, à l'assemblée habituelle des bergers qui se tenait chaque mois pour informer le roi de l'état de ses troupeaux, il se rendit portant au doigt cet anneau. Ayant pris place au milieu des autres, il tourna par hasard le chaton de la bague vers l'intérieur de sa main; aussitôt il devint invisible à ses voisins qui parlèrent de lui comme s'il était parti. Etonné, il mania de nouveau la bague en tâtonnant, tourna le chaton en dehors et, ce faisant, redevint visible. S'étant rendu compte de cela, il répéta l'expérience pour voir si l'anneau avait bien ce pouvoir; le même prodige se reproduisit: en tournant le chaton en dedans il devenait invisible, en dehors visible.
L Anneau De Gygès Texte De La
Plus largement, l'allégorie permet de débattre sur les motivations de la moralité chez l'homme: résulte-t-elle seulement d'une convention sociale et arbitraire, ou bien d'une pure idée morale qui dispose toujours déjà les hommes à la justice? Postérité [ modifier | modifier le code]
Cicéron et les « philosophes trop peu pénétrants » [ modifier | modifier le code]
Le mythe de l'anneau de Gygès connaît une grande postérité. Cicéron la reprend dans De officiis ( Des devoirs, 44 av. J. -C. ). Il critique les « philosophes, sans malice mais trop peu pénétrants », qu'il accuse d'évacuer la question soulevée par Platon par un procédé malhonnête de remise en question de la véracité de l'histoire racontée par le philosophe grec. Ainsi, « ils [ces philosophes] disent que c'est là une fiction, un récit tout imaginaire qu'a reproduit Platon, comme s'il avait jamais affirmé la vérité ou la possibilité des faits rapportés » [ 4]. Cicéron critique ensuite la mauvaise foi de ces philosophes. Selon lui, lorsqu'on leur demande ce qu'ils feraient à la place de Gygès s'ils avaient l'assurance de ne jamais être pris ( « si on a l'assurance que les hommes et les dieux l'ignoreront toujours »), ils s'entêtent à botter en touche: « Ils nient qu'on puisse avoir pareille assurance.
S'il se comportait de la sorte, il ne ferait rien de différent de l'autre, et de fait les deux tendraient au même but. On pourrait alors affirmer qu'on tient là une preuve de poids que personne n'est juste de son plein gré, mais y étant contraint, compte tenu du fait qu'on ne l'est pas personnellement en vue d'un bien: partout, en effet, où chacun croit possible pour lui de commettre l'injustice, il le fait. PLATON, République, II, 359d-360c
Questions de compréhension:
Résumez le mythe de Gygès: qui est-ce? Que trouve-t-il? Quel effet cela a-t-il sur lui? Pour Gygès, faut-il obéir à la loi volontairement ou par la contrainte? Justifiez. Selon ce mythe, serions-nous plutôt justes ou injustes, si aucune loi n'existait?
L Anneau De Gygès Texte Original
Tout homme, en effet, pense que l'injustice est individuellement plus profitable que la justice, et le pense avec raison d'après le partisan de cette doctrine. Car si quelqu'un recevait cette licence dont j'ai parlé, et ne consentait jamais à commettre l'injustice, ni à toucher au bien d'autrui, il paraîtrait le plus malheureux des hommes, et le plus insensé, à ceux qui auraient connaissance de sa conduite; se trouvant mutuellement en présence ils le loueraient, mais pour se tromper les uns les autres, et à cause de leur crainte d'être eux-mêmes victimes de l'injustice. Voilà ce que j'avais à dire sur ce point. Platon, République
Tolkien [ modifier | modifier le code]
Le Seigneur des Anneaux de J. R. Tolkien est directement inspiré du Livre II et du mythe de l'Anneau de Gygès [ 7]. Bibliographie [ modifier | modifier le code]
(fr) Georges Leroux ( dir. ) et Luc Brisson, La République, Paris, Éditions Gallimard, 2008 ( 1 re éd. 2006) ( ISBN 978-2-08-121810-9, BNF 41349824), p. 123-124
Notes et références [ modifier | modifier le code]
↑ Platon, La République [ détail des éditions] [ lire en ligne] 359b6-360b2
↑ Dans la version de Robert Baccou c'est Gygès lui-même qui est en scène et qui est présenté comme l'aïeul du Lydien (Crésus), tandis que dans la traduction de Victor Cousin c'est l'ancêtre de Gygès le Lydien qui est en scène
↑ Hérodote, Histoires [ détail des éditions] [ lire en ligne] Clio, I, 7-14. ↑ a et b Marcus Tullius Cicéron, Les devoirs, Les Belles Lettres, 2014 ( ISBN 978-2-251-80229-9 et 2-251-80229-0, OCLC 874785553, lire en ligne)
↑ Jean-Jacques Rousseau, Lettre à M. d'Alembert, Chez A. Berlin, 1817 ( lire en ligne)
↑ Pierre Larousse, Grand Dictionnaire Universel [du XIXe Siecle] Francais: A-Z 1805-76, Administration du Grand dictionnaire universel, 1866 ( lire en ligne)
↑ Dimitri El Murr, « Livre II: Sommes-nous tous de bons citoyens?