La musique et les paysage jouant à l'ostinato le temps de nous plonger un peu plus dans cette atmosphère onirique. Puis enfin, sous un ciel surmonté d'un voile grisé, au bord d'un ponton, sa voix s'élève, rajoutant à cette tension presque dérangeante une infinie beauté. Le morceau dure 6: 27 minutes d'intenses tournoiements, un long poème qui laisse peu à peu la brume se lever et entrer la lumière. Un plaisir oculaire et un doux songe à l'écoute. Le clip de "Going Under" a été réalisé par Renaud de Foville, qui a d'ailleurs mis en image tous les clips de cet album, dont ceux déjà sortis pour le moment: "Brooklyn Mars", "Way to Alaska" et "Spirit of the Sea". Cinq nouveaux clips sortiront dans les deux prochaines semaines! >> Site de
Sarah Amsellem
Publié le 26 avril 2020
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- Sarah amsellem voix office de tourisme
Sarah Amsellem Voix Off En
Dans cette modernité d'écriture contenant en son sein quelque chose de fondamentalement suranné, Sarah Amsellem fait parfois penser à la Keren Ann première période. Comme elle, elle passe facilement du français à l'anglais, ou à l'hébreu, souvent au sein d'une même chanson ("Longer Time"). "Miracles" est un album tout en contradictions, en paradoxes, à la fois cérébral et organique, empreint de spiritualité et ultra-lucide, d'une douceur exquise et d'un tempérament offensif ("Console-moi", déchirante supplique appelant à renaître au monde par l'amour, contient tout cela), un disque profondément naturaliste, voire panthéiste (la nature est très présente, minérale ou charnelle), qui sait aussi descendre en rappel dans les noirceurs de l'âme humaine. Durant neuf morceaux aux couleurs changeantes et aux inspirations omniprésentes, on partage avec Sarah Amsellem cette mélancolie prégnante ("L'Âme innocente", celle de l'enfance, à retrouver), cette nostalgie d'un monde perdu miltonien, sauvé par l'innocence, qui pourrait être le nôtre, demain (elle arrive à nous le faire croire), un monde babélien que l'on voudrait construire avec elle dans l'intelligence, l'élégance, l'empathie et l'espérance.
Sarah Amsellem Voix Office De Tourisme
Si Sarah Amsellem n'en est pas à son coup d'essai, "Sésame", réalisé dans son home studio pendant le confinement, est son premier disque entièrement chanté en français. Un quatre titres, parenthèse entre deux formats longs, publié quelques mois à peine après le bien nommé "Miracles", précédent disque à la production riche et aux accents trip hop, qui contenait déjà quelques morceaux mémorables
Hors du temps, "Sesame" possède un charme tout particulier. L'introduction du "Chant de l'aube" suffit pour nous emporter, avec ses airs de comptine éternelle et sa basse en majesté. Chez Sarah Amsellem, l'impudeur se fait retenue et voisine toujours avec des rêves d'ailleurs. Entre jour et nuit, volontairement cyclique, "Sésame" capte aussi comme une impression de l'époque: ce repli sur soi rendu nécessaire en ces temps troublés, pour que puisse à nouvel surgir l'essentiel de nos vies. L'amour et ses espoirs, et puis ce sentiment d'abandon, jamais loin. Toutes sortes d'impressions fugitives, parfois espiègles, qui révèlent ici une vraie singularité d'écriture, toute en suggestion.
Il faut le reconnaître, la France n'est pas le pays du trip-hop. Les mauvaises langues diront que nul pays n'est celui du trip-hop et que la scène de Bristol époque Massive Attack et Portishead est la seule qui vaille le coup mais c'est un autre débat. D'ailleurs, Miracles n'est pas réellement un album de trip-hop. C'est plutôt un ensemble de ballades tendances électro (mais toujours utilisée à bon escient pour mettre la voix en avant, sans jamais l'écraser du poids des boîtes à rythmes) articulées autour de la voix magnifiquement douce, sensuelle et envoûtante de Sarah. A la première écoute, on est presque surpris d'entendre du français. En bon francophone, on se cache souvent en tant qu'auditeur, derrière la barrière de la langue pour apprécier dans ce genre de musique, le chant, la mélodie, l'ambiance, le voyage imaginaire sans se poser la moindre question sur le texte. Ici, on n'y échappe pas (mais je souhaite à nos amis anglo-saxons de ressentir la même chose en écoutant ce disque).