Ce sont ces qualités distinctes qui façonneront la sensibilité de la peinture siennoise ultérieure et qui donnent à la Vierge à l'enfant de Duccio une attention et une crédibilité si dignes dans l'histoire de l'art. D'autres détails trouvés dans cette image sont ceux qui restent dans la tradition byzantine et caractérisent les œuvres antérieures de Duccio, tandis que les qualités les plus innovantes prospèrent au fil du temps. Les détails usinés dans le fond doré sont infimes et difficiles à remarquer de loin, mais ajoutent un élément important à l'image. Des motifs perforés ont été utilisés pour les halos et le motif de la bordure, qui étaient tous inscrits à la main. Histoire de la propriété
Comme il est courant pour les peintures duecento et trecento, la propriété et l'emplacement de la Vierge à l'Enfant avant le milieu du XIXe siècle sont inconnus. PREMIERS JOURS : Giotto e Compagni, une révolution picturale, au Louvre. Le premier propriétaire connu du tableau est le comte russe Gregori Stroganoff (1829-1910), qui a déclaré l'avoir repéré dans la boutique d'un marchand, non attribué à un artiste.
Premiers Jours&Nbsp;: Giotto E Compagni, Une Révolution Picturale, Au Louvre
« Le premier peintre qui regarde les choses de ses propres yeux » Cimabue a cherché à transcrire sur la surface plane du tableau les volumes des corps et des objets. Les carnations sont
modelées par la juxtaposition des lumières et des ombres subtilement modulées. La disposition du trône, en biais, permet de lui donner du
relief, et de créer ainsi une impression de profondeur. Un certain
réalisme apparaît dans le traitement des étoffes, plus particulièrement dans les plis qui mettent en évidence la structure des corps au lieu de la dissimuler (les genoux des anges [ détail e], la poitrine et le ventre de la Vierge). Cimabue parvient en outre à insuffler à ses personnages une expression de profonde gravité, appropriée au futur destin tragique du Christ sur terre. Un modèle pour les peintres suivants Les historiens de l'art ont longtemps pensé que la Maestà du Louvre avait été peinte lors du séjour attesté de Cimabue à Pise entre 1301 et 1302. Les études récentes contestent cette datation tardive et préfèrent situer l'œuvre beaucoup plus tôt dans la carrière de l'artiste, vers 1280.
Giotto conserve le fond d'or d'inspiration byzantine mais le parallèle s'arrête là. A la conception plane de Cimabue et de Duccio di Buoninsegna, il oppose son sens du relief/de la profondeur. On distingue donc un avant-plan, un plan médian et un arrière-plan. Les parois du trône ont une orientation convergente, contribuant à donner l'illusion de la troisième dimension sur une surface qui n'en compte que deux**. Les personnages ont une structure, une diversité, une pesanteur. Comme dans la sculpture, ils donnent une impression volumique et tactile telle qu'on pourrait en faire le tour. Ils sont faits de chair et de sang. Ainsi, la Vierge et l'Enfant sont réalistes et convaincants. Leur pose est naturelle. Giotto prête à Marie les traits d'une jeune femme élégante et sereine. Jésus est bien proportionné. Les anges et les saints sont bien individualisés et paraissent espacés, étagés dans un espace imaginaire. Les regards sont intenses ce qui confère aux protagonistes de cette scène une présence extraordinaire.