Aucun rejet ou contre-rejet ne vient rompre le rythme. Par ailleurs, cette fluidité est accentuée par l' allitération en « l »:
« D'a ll er l à-bas vivre ensemb l e » (v. 3), « L es so l eils moui ll és/De ces cie l s broui ll és » (v. 7-8), « Bri ll ant à travers l eurs l armes » (v. 11-12), « L uxe, ca l me et vo l upté » (v. 14, 28, 42), « Des meub l es l uisants/Po l is par l es ans » (v. 15-16), « L es p l us rares f l eurs/Mê l ant l eurs odeurs » (v. 18-19), « L a sp l endeur orienta l e/Tout y par l erait/A l 'âme en secret/Sa douce l angue nata l e » (v. L'invitation au voyage, commentaire bac, Baudelaire. 23 à 26). B – L'idéal poétique de Baudelaire
A travers ce monde rêvé et imaginaire, c'est un idéal poétique que dépeint Baudelaire. Cet idéal est avant tout marqué par les synesthésies et correspondances: « Les plus rares fleurs/Mêlant leurs odeurs/Aux vagues senteurs de l'ambre » (v. 18 à 20), « Les soleils couchants/Revêtent les champs/Les canaux, la ville entière/D'hyacinthe et d'or » (v. 35 à 38), « Le monde s'endort dans une chaude lumière » (v. 39-40).
- L invitation au voyage lecture analytique
L Invitation Au Voyage Lecture Analytique
En effet, il s'agit d'un monde parfait: lieu d'ordre, de beauté, de luxe, de calme et de volupté. Ce voyage invite donc à un Eden originel sans vice et sans contrainte, un monde d'avant la chute et le chaos. De même, la « langue natale » peut faire penser au mythe de la langue adamique, celle d'avant Babel, celle qui permettait à tous les hommes de se comprendre, celle qui a servi à désigner le monde… Une langue poétique? 3) La « sorcellerie évocatoire »
Le poème débute par une invitation à la rêverie: « songe ». Puis, il est suivi par l'évocation d'un monde idéal qui advient véritablement: « vois ». L'évocation poétique devient ainsi une véritable invocation qui fait jaillir tout un monde du verbe du poète, comme s'il s'agissait d'un démiurge. L invitation au voyage lecture analytique des. On peut même noter plus en détail la création de cet univers poétique:
§ 1: « songe »: impératif + présent = temps de l'évocation. § 2: conditionnel = le monde imaginé devient possible. § 3: « vois » + présent = le monde imaginé prend vie. Le poème de Baudelaire fonctionne donc comme une forme d'hypotypose, les paroles donnant à voir comme si la rêverie s'accomplissait sous nous yeux (ou ceux de l'amante).
De même, on peut noter l'usage des impératifs: « songe », « vois »: ils correspondent à des invitations à la rêverie dans laquelle le poète l'entraîne. Enfin, on voit que le poème met en place un mouvement qui va de l'aimée au couple puis revient à l'aimée, comme pour mettre en valeur son importance dans un monde qui semble bâti pour elle: § 1: « Mon enfant, ma sœur », « songe », « te ressemble », tes traîtres yeux ». L invitation au voyage lecture analytique en. Déjà, le couple apparaît au travers de « ensemble », et il sera au centre de la seconde strophe « notre chambre ». En revanche, le poète est pratiquement absent: « mon esprit » est la seule marque renvoyant à lui en tant qu'individu. L'amante est, quant à elle, la destinatrice de la § 3 (et du monde imaginé): « ton moindre désir ». 2) Un ailleurs idéal
Tout le poème constitue donc une évocation d'un monde idyllique, un « songe » auquel le poète invite la femme aimée et par lequel il semble vouloir la conquérir. On relèvera les champs lexicaux de la beauté, de la richesse et de l'exotisme: « rares fleurs », « riches plafonds » (plafond idéal, qui s'oppose aux plafonds pourris de « Spleen »), « senteur de l'ambre », « splendeur orientale », « d'hyacinthe et d'or ».