« Les bambous »
Dans le but d'entrer en relation avec les patientes, les premières séances commencent
souvent par cette expérience corporelle:
Nous plaçons un bambou (35cm) entre nos index respectifs. Nous sentons et percevons
d'abord ce contact, puis nous faisons un état des lieux global sur notre posture, nos tensions
musculaires ainsi que notre respiration. Dans la continuité de ce contact, nous percevons
l'autre dans sa globalité. Vient ensuite un jeu de guidance. Guider l'autre, puis se laisser
guider. Si l'occasion se présente, nous y intégrons un deuxième bâton. 74
Une partie de l'illustration du sens et de la portée de cette expérience est racontée dans
l'étude de cas de Romane (p. Les mediation corporelles specifiques pour ted et psychomotricité de la. 83 et 88). Au début, le bambou ne cessait de tomber. Je ressentais l'hypertonicité de Mélanie -
adolescente anorexique mentale - à travers celui-ci. Je le sentais rigide et je ne pouvais
réellement communiquer avec elle. Au fur et à mesure des séances, le fait de centrer
l'attention sur le geste, et non sur l'effet, détournait la recherche de maîtrise et abordait les
notions de confiance en soi.
Les Mediation Corporelles Specifiques Pour Ted Et Psychomotricité Francais
Je vais donc revisiter rapidement ce que sont ces médiations thérapeutiques corporelles, ainsi que leurs objectifs. Médiations utilisées en Psychomotricité. « Mettre d'accord. Intermédiaire. Processus créateur. » Ces définitions du dictionnaire introduisent une notion fort utile pour comprendre ce que nous faisons quand nous proposons un espace, un temps, une activité particulière: la médiation est ce qui sert d'intermédiaire entre soi et l'autre…
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Les Mediation Corporelles Specifiques Pour Ted Et Psychomotricité De La
Plus tard, le bambou était soutenu des deux côtés et n'est plus
tombé. Je le sentais alors plus souple, reflétant l'évolution de Mélanie. Les enroulements
Lors de notre première rencontre, Morane s'assoit timidement et semble vouloir
occuper le moins d'espace possible en s'entortillant autour d'elle-même. Cette position
semble même douloureuse, mais Morane dira qu'elle se sent « protégée et cachée », sinon
elle se « sent en insécurité ». Gaucher-Hamoudi O. (2011, p. Philippe Scialom, psychologie de l'enfant et de l'adolescent - 5.LES MEDIATIONS EN PSYCHOMOTRICITE. 17) écrit « la douleur est parfois
le seul lien que les jeunes femmes anorexiques gardent avec leurs corps; toujours mal
installées, soumettant leur corps à des tensions, à des déséquilibres, la douleur semble les
contenir, comme si elle seule pouvait rester sous contrôle ». Lors du bilan psychomoteur, Morane dit ne pas avoir de lieu ressource. Elle ne cite
que des espaces où elle se sent en insécurité. Je remarque que ses déplacements dans l'espace
sont peu assumés et entretiennent une certaine rigidité. Elle investit peu son espace
environnant.
Tout passe d'abord par le corps pour devenir psychique. Cet ancrage de la pensée sur l'expérience
corporelle ne peut se faire qu'à travers une relation médiatisée entre le psychomotricien et le patient. C'est donc une réussite quand le patient croit
qu'il joue pendant ses séances!