06 septembre 2019
Cinéma
Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim
En 1956, Et Dieu… créa la femme fait scandale et cristallise le mythe Bardot. Et si le film de Roger Vadim était aussi l'acte fondateur de la Nouvelle Vague? C'est la thèse défendue par Antoine de Baecque dans La Nouvelle Vague: Portrait d'une jeunesse, qui vient de ressortir en librairies. Un mythe, un scandale et le début d'une révolution culturelle. Et Dieu… créa la femme est tout cela à la fois. Grâce à son triomphe populaire à la fin de l'année 1956 (près de 4 millions d'entrées), le film transforme en superstar une jeune actrice de 22 ans, Brigitte Bardot, dont le visage et le sobriquet (BB) sont certes déjà connus du grand public, mais qui entre ici véritablement dans la légende. Le réalisateur du film, Roger Vadim, crée un mythe moderne, en sublimant la beauté, l'insolence, la sensualité de sa compagne, qu'il a épousée quatre ans plus tôt. Ce faisant, avec ce film frondeur, au scénario conventionnel mais à l'érotisme ravageur, il provoque une onde de choc dont les effets se feront sentir durant de longues années, et vont dépasser le simple cadre du cinéma pour influencer les mentalités, la mode et les mœurs.
Mode Et Dieu Créa La Ferme De
1954, Paris. Âgé de 18 ans, Yves Saint Laurent s'installe dans la capitale. Le jeune homme a pour objectif de mettre le pantalon parmi les "Must Have" des vestiaires féminins. La femme travaillant de plus en plus dans l'industrie et les services, Yves Saint Laurent s'engage à les accompagner dans leur nouvelle réalité, en démocratisant l'usage du pantalon chez les femmes. Comme Coco Chanel avant lui, Yves Saint Laurent est convaincu qu'une femme active doit vêtir des vêtements pratiques et confortables. Il invente donc le premier smoking adapté à la morphologie de la femme: le tailleur. 1968, suite à ce fameux mois de mai, le pantalon est enfin autorisé au sein de nos écoles et tribunaux français. 4 ans plus tard, il sera vendu dans l'hexagone jusqu'à 12 millions de pantalons pour femme (source: INA). Côté professionnel, certains milieux affichent un conservatisme vestimentaire digne de l'obscurantisme. Si à l'Assemblée certaines députées voient leurs accès refusé dans les années 70; Air France, la tête un peu dans les nuages, prend enfin connaissance de l'invention des pantalons en 2005.
Entretien Michèle Fitoussi est journaliste. Editorialiste chez "Elle", elle tient également une rubrique "Portrait de femmes" dans le quotidien breton "Le Télégramme". Son parcours reflète son intérêt pour la cause des femmes, leur rôle dans l'histoire et leur positionnement dans le monde actuel. Il y a quelques semaines, elle sortait un roman à la frontière de la biographie, l'histoire à rebondissements d'Helena Rubinstein, petit bout de femme modeste qui s'éleva au plus haut des sphères du monde entrepreneurial, à vocation internationale. "Madame" Rubinstein ne fut pas une reine de beauté parmi tant d'autres, mais la reine de la beauté. Vous avez souvent été amenée à vous intéresser à la problématique des femmes et du pouvoir. Si vous avez choisi le personnage d'Helena Rubinstein, était-ce pour mettre en lumière sa capacité à dépasser son destin de femme modeste, juive, née dans un faubourg de Cracovie, à la fin du XIXe siècle? J'ai été fascinée par les débuts romanesques de sa vie, puisqu'elle naît en Pologne, dans un quartier juif, dans une famille peu aisée.