Le premier plan est occupé par une voie ferrée avec son remblai. Cette masse horizontale permet de délimiter l'espace pictural et de créer une distance avec le spectateur. La lumière vient de la gauche, créant de fortes zones d'ombre sur la façade et masquant la porte d'entrée sous le porche. La maison est vue en contre-plongée, plaçant le spectateur légèrement en contrebas. Edward hopper maison au bord de la voie ferrée france. Hopper était passionné par l'architecture. Aussi, la représentation de bâtiments est récurrente dans son œuvre. Edward Hopper, Maison, vue de côté, 1931, Aquarelle sur papier, 50. 8×71. 2 cm, Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza
Dans ce tableau, tout oppose l'espace de la maison et celui des rails: opposition des lignes verticales de la maison et, celles, horizontales des rails mais aussi opposition des tonalités entre les couleurs froides utilisées pour la maison et le ciel et les couleurs chaudes du premier plan avec la voie ferrée. Seule la couleur ocre rouge des cheminées fait un lien entre les deux espaces. Le peintre oppose également l'élément immobile qu'est la maison avec la représentation des rails qui suggèrent la possibilité d'un déplacement, d'un mouvement.
- Edward hopper maison au bord de la voie ferree
Edward Hopper Maison Au Bord De La Voie Ferree
Ces éléments de composition du tableau permettent au peintre de concentrer dès son premier tableau important, les principaux thèmes qui traverse son œuvre. Hopper aime peindre les objets comme il peint les êtres humains. Plutôt que l'accumulation des détails pour les définir, il travaille plus par soustraction pour réduire la description à l'essentiel. Il fait ici le portrait d'une maison qui, si elle est humanisée (les fenêtres et les stores évoquent des yeux), s'impose surtout par sa simplicité et son isolement et renvoie le spectateur à sa propre solitude. La maison du Docteur Hitchcock - La Boîte à Images. Le thème de l'isolement est très important chez le peintre. Il lui permet de mettre en avant le conflit entre la nature et le monde moderne. Ici la maison est montrée comme un bloc, sans nature ni vie humaine à l'arrière-plan, face à l'arrivée de la modernité représentée par la voie ferrée. Avec son architecture un peu ancienne à l'époque de Hopper, elle témoigne d'un monde en voie de disparition. Cet isolement extrême peut aller, comme c'est le cas ici, jusqu'à un espace inquiétant et sinistre.
Réaliste mais imaginaire
Ses paysages urbains sont des instants suspendus, décharnés, dont la banalité est étirée dans le temps. La forme réaliste est volontairement altérée par une représentation picturale aux couleurs inquiétantes, une démarcation d'ombres et de lumières. Une dimension métaphysique – abstraite- meuble l'intérieur des scènes. La vie sociale y est restituée dans une mise en scène imaginaire, théâtrale. Edward hopper maison au bord de la voie ferree. Des femmes seules cigarette à la main dans une chambre impersonnelle, un employé de bureau qui semble plongé dans ses pensées, une femme lisant un livre dans le compartiment d'un train. Les observations expriment une solitude urbaine au sein d'une ambiance intimiste. Des moments où les sujets semblent pris au piège et dont la représentation transforme le spectateur en voyeur. Hopper transpose des fragments du réel dans un cadre tamisé, étrangement vide, aux formes rigides et à l'ambiance glacée. Une mélancolie aliénante
L'ambivalence entre les signes visibles de la civilisation et l'étrangeté du vide procure un immense sentiment de solitude.