Stupéfaction, sidération, explosion de joie, de larmes… On sort les bouteilles. C'est l'après-midi, le ciel est bleu vif dans un air frais. Papa prend la tête de la troupe et nous fait la tournée du village! Il n'a pas peur de déranger. Là-bas, c'est comme ça, on est tout de suite dans l'intimité. Et, de fait, dans chaque maison, on est accueillis à bras ouverts, avec du vin de leurs vignes, des gâteaux maison aux amandes, à l'anis. Les gens sont incrédules: « Viens voir qui est là!
Bruno putzulu taille 42. » Pendant toute la semaine ce sera la fête, papa parle sarde, comme autrefois, il nous traduit… comme ça l'arrange! Et maman retrouve elle aussi cette sincérité chaleureuse qu'elle aime. Avec mes frères, on ravive les souvenirs; on se remémore l'angoisse de la sieste, enfants, quand, sous la chaleur écrasante de l'été, le village se figeait dans le silence, comme dans un film de SF! Et notre impatience inquiète de voir la vie reprendre. Il me reste une image à jamais gravée de ce séjour unique: on part assister au match Cagliari-Gênes et on est en retard.