Monologue de Don Diègue, dans le Cid de Corneille (Acte I, scène 4)
Don Diègue
Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers? Mon bras, qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi? Ô cruel souvenir de ma gloire passée! Oh rage, oh désespoir , oh vieillesse ennemie...... Œuvre de tant de jours en un jour effacée! Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur! Précipice élevé d'où tombe mon honneur! Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte? Comte, sois de mon prince à présent gouverneur:
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur;
Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne. Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
- Oh rage, oh désespoir , oh vieillesse ennemie.....
Oh Rage, Oh Désespoir , Oh Vieillesse Ennemie.....
Le Cid est probablement l'œuvre la plus célèbre de Pierre Corneille. Cette pièce tragi-comique en vers de 5 actes a été jouée pour la première fois à Paris en 1637. Elle relate l'amour impossible entre Chimène et Rodrigue et leur dilemme entre amour et honneur après la dispute de leurs pères. Le Cid, Acte 1, scène 4
Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers? Mon bras, qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi? Ô cruel souvenir de ma gloire passée! Œuvre de tant de jours en un jour effacée! Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur! Précipice élevé d'où tombe mon honneur! Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte? Comte, sois de mon prince à présent gouverneur:
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur;
Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
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