Elle rend des sensations. Au mieux, pour nous rassurer, nous pourrions dire qu'elle est témoin, qu'elle rend compte en rassemblant, non pas des preuves (elle ne peut rien nommer, elle est sans mots), mais des états. Perceptibles, mutables, ils nous appartiennent. ©
Julien des Monstiers, Antigone, huile sur toile, 230×400 cm. Sol peint. © Julien des Monstiers, Dino I, huile sur toile, 210×160 cm, 2019
© Julien des Monstiers, Dino II, huile sur toile, 210×160 cm, 2019
On cherche la main, sa trace. Elle est là, grandiloquente, elle adresse la surface, mais on ne trouve pas la touche, l'infinitésimal du geste. Il nous est ôté par un dispositif qui laisse le spectateur en haleine, devinant la méticulosité de la peinture sans avoir accès à sa genèse. En résulte une urgence, comprendre. Comprendre ou sentir ce que la toile veut dire. Qu'elle rappelle les peintres de la chair: voluptueuse, ou Richter, par sa distance, elle nous regarde. Bienveillante, la toile accueille, refuge mouvant, dynamique; la peinture est vivante, l'œil est vivant, celui qui regarde a la charge, la responsabilité de ce qu'il voit.